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Démarche photographique

oeuvre transfert photo et acrylique sur bois

DÉMARCHE

Caroline Bolieu approche la photographie comme un lieu de rencontres inouïes. Habitée par une forme d’hypersensibilité, l’artiste fréquente les environnements comme s’ils pouvaient susurrer une infinité de secrets enfouis au creux de leurs détails. Les espaces vastes sont pour elle des entités qui respirent – et les humains qui les côtoient des éponges qui retiennent leurs souffles dispersés.

 

Par l’acte photographique, Bolieu s'imprègne de l’inertie des sujets naturels qui l’intriguent. Elle les ravive par de douces lumières et un traitement humble, respectueux. Adoptant une posture de témoin, elle demeure à l’écoute de ce qui peut arriver au-devant de sa lentille, cherchant à capter les réalités indomptables d’une nature qui ne se soumet pas toujours aux règles humaines. Lui donnant ainsi une part d’agentivité, l’artiste observe ce qu’elle a de plus brut et sait deviner ce qui se joue en elle, s’accrochant à la beauté d’instants fugaces qui ne reviendront pas.

 

Le caractère indubitablement méditatif du travail de Bolieu réside dans les pèlerinages de l’artiste qui, détachés d’un rythme effréné, cultivent plutôt un temps étiré. Ils informent le degré de présence au monde qu’arrive à incarner Bolieu, lui permettant de palper les charges poétiques du réel par son regard contemplatif et son œil photographique sensible. Ainsi ses longues promenades en forêt, sur le bord d’un lac, dans le vent du fleuve ou encore haut perchée en montagne sont autant de fois où elle s’abreuve de quiétude, de silence et d’accalmie, des moteurs importants pour sa pratique qui cherche à rendre tangibles ces moments de solitude où une union inédite entre intériorité et extériorité jaillit. L’artiste, par ses explorations instinctives, nourrit une intimité enracinée.

 

Pour elle, à l’intérieur de chaque humain se trouve l’empreinte d’un territoire habité. Conduisant une recherche plastique autour des textures de tous ces paysages visités, Bolieu en prélève des fragments et intensifie le sentiment d’appartenance qui la lie à eux. Les processus de transfert photographique qu’elle embrasse lui permettent d’introduire un effacement aléatoire de la matière. Elle implique ainsi une prise de conscience de la traversée du temps sur les choses et de la fragilité des éléments qui nous entourent, portant un regard sur l’essence des lieux que nous traversons et qui nous traversent à leur tour.

texte par Galadriel Avon

auteure, travailleuse culturelle, éditrice et coordonnatrice de la Revue Ex_situ

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